Planter et entretenir des haies et arbustes
Saviez-vous que toutes les strates végétales nous rendent maints services ? Que de nombreux animaux dépendent des arbustes et des haies ? Que votre choix quant à la plantation peut favoriser la biodiversité dans votre jardin ? Coup d’œil sur les haies et arbustes : souvent considérées comme moins charismatiques que nos grands arbres, ces plantes sont néanmoins bien utiles.
Les services rendus par les haies et arbustes :
- Amélioration de la qualité de l’air par fixation du CO2 et des polluants gazeux. Cela peut fortement varier d’une espèce à une autre ! Le projet Sésame, en France, catégorise les plantes adaptées à la ville, notamment sur ce critère.
- Régulation du cycle de l’eau: en rendant le sol plus perméable par les petits interstices créés par leurs racines, et en captant l’eau puis en l’évapotranspirant. Dans notre commune, nous ne sommes pas épargnés par les inondations, c’est pourquoi toute action de végétalisation peut nous aider à mieux gérer l’eau de pluie.
- Protection et enrichissement du sol: les racines fixent les terres, limitant l’érosion, et les feuilles mortes enrichissent progressivement le sol en matière organique, le rendant plus perméable et propice à la vie.
- Refuge pour la biodiversité : Elle fournit à de nombreux insectes pollinisateurs, oiseaux et petits mammifères le gîte et le couvert. Certains oiseaux y nichent : on peut citer par exemple le rougegorge, certaines mésanges, le merle, etc. De nombreux arbustes et haies portent des fruits qui seront extrêmement utiles aux oiseaux en hiver : églantier, houx, aubépine. Des haies mélangées, composée au moins en partie d’essences indigènes, et taillées modérément peuvent ainsi jouer un véritable rôle de corridor écologique (ces liaisons que nous avons bien souvent perdu en ville).
- Régulation du climat local: une haie de feuillus d’une certaine hauteur joue le rôle de brise-vent, et permet la création d’un microclimat agréable et propice à la culture des fruitiers, par exemple.
- Infrastructure verte: elle délimite nos jardins et assure l’intimité du domicile. Le choix de certaines plantes à épines (par exemple, le houx, l’églantier, l’aubépine) peut renforcer le sentiment de sécurité à la fois pour nous (ce qu’on appelle la haie défensive) et protéger les espèces qui s’y abritent des prédateurs.
- Accès à la nature: peu nombreux sont ceux qui disposent, en ville, d’un espace extérieur assez grand pour y faire pousser des arbres à haute tige. Dans les espaces réduits, planter des végétaux de petites tailles un moyen d’assurer le droit à la nature pour tous et toutes.
Le choix des espèces :
A éviter :
- Les espèces exotiques envahissantes reprises sur la liste européenne et sur la liste bruxelloise
- Les bambous: bien qu’ils ne soient pas repris sur ces deux listes, les bambous se propagent par rhizome et peuvent envahir votre jardin et ceux de vos voisins.
- Les espèces exotiques en général. De nombreuses espèces qui posent de gros problèmes écologiques actuellement, telles que les renouées asiatiques, ont été introduites comme espèces d’ornement il y a parfois plusieurs décennies ou siècles, et n’ont révélé leur caractère envahissant que bien plus tard. Consultez la brochure « des alternatives aux invasives » pour trouver des plantes non-envahissantes correspondant à vos souhaits.
- Les plantes inadaptées à votre terrain (espace disponible, type de sol, humidité) ou à votre situation (fréquence d’entretien, allergies, etc.)
- Les monocultures : une seule espèce, un seul cultivar répété sera beaucoup plus sensible aux maladies et pathogènes (par exemple, ligustrum).
- Les conifères: les haies de thuyas et cyprès, très populaires par le passé, souffrent maintenant des effets du changement climatique, et sont bien souvent en piteux état. Si l’on tient vraiment à une haie de conifère, on privilégiera l’if, indigène en Belgique. Attention, toutes les parties de l’if, y compris les graines, sont toxiques, sauf l’arille rouge enveloppant la graine, qui est consommée par les oiseaux.
A favoriser :
- Les espèces feuillues et indigènes, qui ont co-évolué avec notre faune locale.
- Les espèces adaptées au climat changeant et une gestion adéquate par temps de canicule.
- Les mélanges: cela multiplie les plaisirs pour les yeux (floraison à différents moments, feuillaison de couleurs différentes), augmente la résilience de la haie et fournit une diversité d’habitat et de pollens ou fruits à la faune locale.
- Les plantes apportant les services souhaités. Par exemple, il est possible d’utiliser des petits fruitiers pour créer une haie comestible.
Avant de planter :
La règlementation :
- Le Code Civil vous impose de planter les plantes atteignant moins de 2 mètres de haut à minimum 50 cm des limites de parcelles, et les plantes atteignant 2 mètres ou plus à 2 mètres des limites de parcelle, sauf si un accord est conclu entre voisins. (art. 3.133.)
- Une haie existante plantée sur la mitoyenneté est présumée mitoyenne. Assurez-vous d’obtenir l’accord de vos voisins avant d’intervenir dessus. (art. 3.105.)
- Pour l’entretien, vous êtes tenu de tailler les branches dépassant chez vos voisins (art. 3.134.)
- Le Règlement Général de Police vous impose de tailler vos haies afin qu’elles n’encombrent pas l’espace public, et qu’elles ne diminuent pas l’éclairage public.
- Certaines réglementations locales d’urbanisme ont des prescriptions relatives aux plantations.
Plantation
Choisissez des plants sains, à racines nues, et plantez à la bonne période. Préparez et amendez éventuellement le sol. Pensez à choisir vos plants dans une pépinière de qualité
Taille
De nombreux types de taille existent pour différents arbustes. Pour savoir quoi, comment et quand tailler, nous vous invitons à consulter la page « Taillez les arbustes de manière douce et raisonnée ».
Evitez tant que possible de tailler vos haies et arbustes du 1er avril au 15 août : vous risquez à cette période de déranger les oiseaux nicheurs.
Quelles sont les alternatives écologiques à une haie ?
- Créer des fascines ou haies sèches:
- Créer une clôture vivante en saule
- Recouvrir un grillage / un mur existant de plantes grimpantes (par exemple le lierre qui est très mellifère), si possible en créant des ouvertures pour la faune
- Créer un muret en pierre sèche, dont les ouvertures permettront d’abriter toute une faune
- Si vous êtes obligé de construire un mur « traditionnel », consultez le Guide Bâtiment Durable pour intégrer les principes d’économie circulaire et d’écoconception dans la construction.
Pour aller plus loin: